Depuis une dizaine d’années, passionné par la richesse de mon terroir, je gère le domaine familial et je conduis une cinquantaine d’hectares de prairies en foin de Crau.

J’ai passé mon enfance auprès d’animaux entre la plaine de la Crau et la Camargue. J’ai grandi dans les traditions taurines entouré de chevaux.

J’avais une douzaine d’années quand je me suis pris de passion pour les poules. Au début, j’en avais une trentaine, que je nourrissais avec des céréales produites par ma famille en Camargue ou avec les invendus de pain des boulangeries de mon village. J’aimais les voir en liberté, ramasser les œufs et j’étais fier de faire plaisir à ma famille, fier de manger nos propres produits. Je vendais quelques œufs par-ci par-là ; aux voisins, aux amis…

L’année d’après, on m’en demandait plus. J’ai alors commencé l’élevage en plein air de poulets et chapons.

L’hiver de mes quinze ans a été tellement rude qu’un berger à qui nous louions les terres a perdu beaucoup d’agneaux. J’en ai récupéré trois. Je les ai élevés au biberon. Une fois adultes, j’ai voulu rendre les moutons à leur berger. Il a refusé et en contrepartie, il m’a donné cinq brebis. Je me retrouvais avec un mini troupeau de huit brebis.

De fil en aiguille, j’ai agrandi mon exploitation jusqu’en 2016 où j’ai décidé de me consacrer uniquement à la production de foin de Crau.

Aujourd’hui, je suis fier de travailler mes terres et de fournir des produits sains, équilibrés et aux grandes vertus nutritionnelles. J’ai envie de transmettre en retour, aux animaux et aux hommes, ce que la nature m’a appris et offert.


Le Pays d’Arles se compose de plusieurs terroirs issus d’une variété géologique : la Camargue, terre du Rhône et la Crau, ancien lit de la Durance…

Ces deux terroirs très différents ont en commun la nécessaire maitrise de l’eau, qu’elle soit rare pour l’un et en excès pour l’autre. Sur ces territoires, l’agriculture n’a été possible que grâce à l’intervention de l’Homme.

Le canal de Craponne a créé une coulée verte qui traverse la Crau et attire une petite propriété paysanne, dense et prospère.

Jean-Maurice Rouquette, Arles, histoire, territoires et cultures, éditions imprimerie nationale, paris, 2008, p.840